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A Wirwignes, quatre chaudières Hargassner valorisent le bocage boulonnais

La maison typique boulonnaise de Thierry Compiègne, photo Frédéric Douard

La maison typique boulonnaise de Thierry Compiègne, photo Frédéric Douard

Plaquettes bocagères, Photo Frédéric Douard

Plaquettes bocagères, Photo Frédéric Douard

Boulogne-sur-Mer n’est pas seulement la plus grand port de pêche de France, c’est aussi la capitale d’une région célèbre pour ses chevaux de trait blancs, une région qui abrite le bocage français le plus septentrional, mais aussi l’un des plus anciens. À Wirwignes (Prononcer « ouirouigne »), dans les « hauts » du Boulonnais, près de la forêt domaniale de Desvres, les habitants et agriculteurs perpétuent la valorisation de ce bocage aux mille vertus. Car le bocage du boulonnais est remarquable en cela qu’il possède encore des haies patrimoines, reliques des temps moyenâgeux où les forêts primaires furent défrichées. Ces haies, reliques des anciennes bordures forestières, regorgent de par leur ancienneté d’une  diversité végétale et animale remarquable pour cette latitude, avec rien que pour les arbres, jusqu’à vingt espèces différentes. Après une longue période de régression au XXème siècle, due à la mécanisation de l’agriculture, une prise de conscience s’est progressivement faite autour du bocage et de ses intérêts multiples.

Jean Guy Haverlant réglant la chaudière des Lecomte, photo Frédéric Douard

Jean Guy Haverlant réglant la chaudière des Lecomte, photo Frédéric Douard

Aujourd’hui, la tendance s’inverse, l’arrachage de haies fait place à la replantation autour d’un parcellaire plus large, adapté aux techniques agricoles actuelles. Et pour ajouter des arguments économiques au maintien de cette richesse biologique, la production boisée revient au goût du jour et profite en particulier de la modernisation du chauffage au bois et de l’apparition des chaudières à bois déchiqueté, un débouché fort bien venu pour entretenir les haies et faire des économies substantielles.

À Wirwignes, petite commune rurale de 740 habitants, l’agriculture emploie encore 35 personnes. Parmi la population, un grand nombre continue à se chauffer au bois, mais depuis quelques années, la valorisation du bois bocager sous forme de plaquettes a fait son apparition dans le pays, et ce ne sont pas moins de quatre agriculteurs qui ont investi en ce sens en seulement trois ans dans des chaudières automatiques à bois déchiqueté.

Fenêtre d'alimentation du silo de Thierry Compiègne, photo Frédéric Douard

Fenêtre d’alimentation du silo de Thierry Compiègne, photo Frédéric Douard

Le premier à s’être lancé en 2009 fut Thierry Compiègne, producteur de lait et de beurre, pour le chauffage de son habitation et la production d’eau chaude pour sa laiterie. Conseillé par son chauffagiste, Jean Guy Haverlant, il a fait le choix d’une chaudière robuste et capable d’accepter une plaquette bocagère pas toujours régulière en humidité ni en granulométrie. La diversité de la ressource dans la haie amène en effet parfois à des plaquettes dont la forme est proche de la brindille. Pour cela, une chaudière automatique Hargassner de 35 kW a été choisie, avec un désilage par pales souples et vis sans fin. Le silo a été aménagé dans la grange attenante à la laiterie, avec percement du mur extérieur pour le chargement du combustible au tracteur. L’alimentation du silo se fait depuis une grange où est entreposée la plaquette bocagère qui sèche. L’installation a coûté 33 000 € et a bénéficié de 40% d’aide (en crédit d’impôt et aide régionale). Thierry consomme 60 MAP (Mètres cube Apparents de Plaquettes) par an. Le combustible est préparé à partir d’arbres d’alignements et déchiqueté en une demi-journée par un prestataire. La chaudière fonctionne quant à elle toute seule, s’allume et s’éteint automatiquement selon la demande, et quand on demande à Thierry comment il s’occupe de sa chaudière, il répond en souriant : « Je ne m’en occupe pas ! ». Convenons quand même qu’il lui faut vider le cendrier et remettre quelques godets de plaquettes chaque semaine.

Le silo des Lecomte, photo Frédéric Douard

Le silo des Lecomte, photo Frédéric Douard

Fin 2009, une seconde famille d’agriculteurs de la commune, en polyculture-élevage, les Lecomte, passait également au bois déchiqueté pour le chauffage de leur habitation, avec production d’eau chaude sanitaire toute l’année. Chauffés au préalable avec une cuisinière à bois, la famille recherchait un peu plus de confort et surtout cherchait à diminuer le temps de travail occasionné par le chauffage aux bûches. Côté solution, exemple faisant, ils ont choisi le même installateur, la même chaudière et le même type de stockage et de silo que Thierry Compiègne. Les Lecomte en consomment quant eux un peu moins de 50 MAP par an, ce qui leur revient à 400 € de charges par an, non compté leur travail, puisque l’entretien des haies doit de toute façon se faire. Les Lecomte projettent par ailleurs de développer une activité de fabrication et de vente de fromage, pour laquelle la chaufferie sera également bien utile. L’investissement s’est monté à 31 000 €, également avec une aide de 40% (crédit d’impôt et aide du FRAMEE, Fonds Régional d’Aide à la Maîtrise de l’Énergie et de l’Environnement).

L'extracteur de silo de Vincent Lacheré, photo

L’extracteur de silo de Vincent Lacheré, photo

2010, devant la satisfaction des deux pionniers de la commune, Vincent Lacheré, agriculteur et producteur de lait avec 70 vaches veut également abandonner le chauffage divisé au bois-bûche. Il installe à son tour une chaudière Hargassner de 55 kW pour chauffer deux maisons et produire l’eau chaude sanitaire toute l’année pour les deux habitations et pour sa salle de traite. La salle de traite consomme, à titre d’indication, plus de 300 litres d’eau chaude par jour. Vincent consomme 70 MAP par an, avec également le bois de son exploitation. Il abat les bois, les met en tas et fait réaliser le déchiquetage sur ses parcelles par Laurent Maillard, entrepreneur à Verlincthun. Le déchiquetage lui revient à 166 € de l’heure, ce qui représente une facture annuelle de 500 € environ selon le chantier. L’investissement total, comprenant la chaufferie et le réseau de chaleur (Tuyaux Rehau) s’est monté à 50 000 €, pour lequel Vincent a également bénéficié de 40% d’aides. Côté stockage, Vincent alimente son silo dans un local attenant à sa maison, et le remplit 3 à 4 fois par an à l’aide d’une sauterelle (Tapis roulant sur roues).

La chaudière de Christophe Sagnier, photo Frédéric Douard

La chaudière de Christophe Sagnier, photo Frédéric Douard

La dernière installation de Jean Guy Haverlant à Wirwignes s’est faite en 2011, toujours chez un agriculteur, Christophe Sagnier, disposant d’un élevage hors sol de 300 veaux. Une chaudière Hargassner de 45 KW à bois déchiqueté alimente la production d’eau chaude à 82°C pour la préparer du lait, dans un ballon de 2000 litres. Christophe achète quant à lui 120 MAP de bois tout préparé à 90 € la tonne. Ici le choix du bois était purement économique, l’élevage étant préalablement alimenté en propane. Pour Christophe, la facture annuelle d’énergie a été divisée par trois, et est ainsi passée de 12000 à 4000 €, lui permettant d’amortir son installation en 6 années, compte tenu d’une subvention du Plan de Performance Énergétique des exploitations agricoles. Christophe a néanmoins conservé son ancienne chaudière à gaz, installée en cascade de la chaudière à bois, en cas de problème.

Contacts :

  • Jean Guy Haverlant, installateur à 62610 Brêmes-lès-Ardres – 03 21 85 32 75 – 06 88 28 18 51 – jean-guy.haverlant@wanadoo.fr
  • Hargassner France Nord : Daniel Gondry – daniel.gondry@hargassnerfrance.com – 06.10.13.34.57 – https://www.hargassner.com/

Frédéric Douard, en reportage à Wirwignes

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