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Peux-t’on brûler des agropellets dans son appareil de chauffage à granulés ?

Essai de combustion de granulés agricoles dans un poêle à granulés domestique non prévu pour cela, photo Frédéric Douard

En 2021 en France, 1,5 million de ménages se chauffaient aux granulés de bois (poêles et chaudières) selon l’association Propellet. Les ventes de ces équipements montraient une croissance de près de 180 000 nouveaux appareils cette même année et l’année 2022 a poursuivi cette tendance. Compte tenu des tensions d’approvisionnement rencontrées sur les granulés de bois par les usagers en 2022, de nombreux articles, reportages télévisés ou avis sur des solutions utilisant des matières premières alternatives au bois, et notamment d’origines agricoles sont apparues, certains pensant naïvement que la tension sur le marché était survenue par manque de matière première et donc de bois. Ces initiatives on pu laisser croire que tout combustible sous forme de granulés pouvait être brûlé dans un équipement de chauffage domestique, poêle ou chaudière, ce qui n’est pas la cas, loin de là ! Le présent Avis d’expert, publié par le laboratoire Céric, recense quelques précisions sur la combustion domestique des granulés et clarifie le cadre technique et réglementaire de l’utilisation d’agro-combustibles.

Les pellets ou granulés de bois

« De manière générale, pour alimenter les équipements à granulés domestiques, les constructeurs recommandent l’utilisation de granulés de classe A1 selon la norme NF EN ISO 17225-2. Cette classe regroupe les granulés de bois fabriqués à partir de « grumes et sous-produits du bois non traités chimiquement ». Toute essence de bois respectant les caractéristiques exigées peut être utilisée dans ces appareils. Mais cette catégorie exclut d’office toute la biomasse herbacée ou fruitière qui ne possède pas des caractéristiques compatibles avec les installations domestiques. Une manière pour le consommateur de s’assurer de la compatibilité des granulés avec cette recommandation est d’utiliser des granulés certifiés (NF Granulés Biocombustible Bois Qualité Haute Performance, DIN+, EN+).

Granulés de bois conformes aux certification en vigueur, photo Frédéric Douard

Ces certifications s’appuient toutes sur la norme NF EN ISO 17225-2 pour déterminer leurs spécifications. L’utilisation de ces granulés certifiés permet de garantir :

  • Les performances de chauffage attendues : l’humidité et le pouvoir calorifique sont contrôlés.
  • Le bon fonctionnement de l’équipement : les dimensions des granulés, leur durabilité, les quantités de fines, la masse volumique apparente et la teneur en cendres sont maitrisées.
  • De faibles rejets atmosphériques : les caractéristiques chimiques sont surveillées.
  • La durabilité de l’installation de chauffage : les taux de chlore et de soufre sont faibles. »

Les agropellets

Exemple de granulés végétaux, photo Frédéric Douard

« Les granulés de lin, chanvre, miscanthus, ou de fougère (biomasse herbacé) sont classés dans la catégorie des Agro-pellets. Ils présentent des intérêts multiples : croissance rapide, faible appauvrissement des sols, récupération de sous-produits. On les dissocie des granulés de bois car leur nature leur confère des caractéristiques variables bien souvent incompatibles avec une utilisation domestique. Leur teneur en cendres est plus élevée que pour le bois tout comme potentiellement leurs taux d’azote, de chlore, ou de soufre. Bien souvent, leurs cendres ont des températures de fusibilité plus basses, entrainant des problématiques spécifiques de formation de mâchefer. C’est pourquoi, l’utilisation de ces combustibles nécessite de :

  • Analyser préalablement les agro-pellets pour s’assurer de leur compatibilité avec l’installation de chauffage (chaudière et conduits).
  • Effectuer les réglages d’amenée d’air/combustible adaptés.
  • Adapter les fréquences de décendrage et de nettoyage de turbulateurs.
  • Surveiller l’installation et modifier si nécessaire le programme d’entretien. Ces agro-pellets doivent donc être utilisés dans des chaudières polycombustibles adaptées, sous contrôles et entretiens réguliers.

Mâchefer produit par la combustion de granulés agricoles dans un poêle à granulés domestique non prévu pour cela, photo Frédéric Douard

Les risques d’une utilisation des agropellets dans une installation domestique traditionnelle :

  • Les quantités de cendres étant beaucoup plus élevées que celles attendues, les braséros et l’installation s’encrasseraient trop rapidement avec des risques de remontées de flamme dans la vis d’alimentation.
  • Les teneurs en Soufre ou Chlore étant trop fortes, la fumée accélérerait la corrosion de certains éléments du foyer et des conduits de fumée métalliques. Au-delà de la corrosion, ces teneurs peuvent aussi augmenter les émissions polluantes. »

Dépôts produits par la combustion de granulés agricoles dans un poêle à granulés domestique non prévu pour cela, photo Frédéric Douard

Conclusions

« Les granulés de bois, fabriqués avec du bois naturel non traité, sont considérés comme un combustible usuel au sens de la norme NF DTU 24.1. Les Agro-pellets ont toute leur place parmi les bio-combustibles, mais leur composition doit être analysée avant toute utilisation, de manière à s’assurer de leur compatibilité avec des installations spécifiques et adaptées (chaudière et fumisterie spécifiques). En aucun cas, ces agropellets ne doivent être utilisés dans des appareils domestiques pour lesquels ces granulés pourraient causer des dommages irréversibles. »

>> Télécharger l’Avis d’expert du Céric

En savoir plus sur le laboratoire Céric

Frédéric Douard




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