Le chauffage domestique à bois, première énergie renouvelable de France, poursuit sa croissance et sa modernisation
Dans sa dernière étude sortie en septembre 2024, le laboratoire Céric, expert de la cheminée et du chauffage domestique au bois depuis plus de 30 ans, montre que le parc français d’appareils de chauffage à bois des particuliers poursuit sa croissance et s’accompagne d’une montée en performance qui provoque une baisse des consommations et une amélioration de la qualité de l’air. Ces objectifs sont poursuivis par les autorités françaises depuis près de 20 ans avec la mise en place des premières mesures de soutien au renouvellement des appareils anciens, en particulier par la mise en place du Crédit d’Impôt Développement Durable dès 2005, une disposition transformée en prime en 2021. L’Ademe a également travaillé avec les fabricants pour créer le label Flamme Verte qui garantit la performance des appareils.
La première énergie renouvelable de France
Rappelons pour commencer que le chauffage domestique au bois est, avec ses plus de 70 TWh par an, le premier contributeur de la production d’énergie renouvelable en France, avec plus de 20 % de la production totale nationale (326 TWh) et près de 40 % de la production totale de chaleur renouvelable (184 TWh).
Depuis 1992, le nombre d’équipements individuels de chauffage au bois est en hausse avec une accélération sur les dix dernières années. En parallèle, le parc d’avant 2000 est l’objet d’une politique incitative pour son remplacement via les aides d’État (MaPrimeRénov’, CEE…) et des collectivités locales (fonds air bois dans le cadre des plans de protection de l’atmosphère).
Ces mesures soutenues dans le temps, associées à la mise sur le marché de combustible séché et de meilleure qualité, ont permis une réduction significative des consommations moyennes par appareil ayant pour conséquence une utilisation plus raisonnée de la ressource.
Par ailleurs, le chauffage domestique au bois a contribué à la diminution des émissions de particules les plus fines (PM2.5). Entre 2012 et 2023, les émissions liées au chauffage domestique au bois ont baissé d’environ 40 %, en grande partie grâce aux évolutions techniques réalisées sur les appareils de chauffage au bois et également favorisé par le renouvellement du parc ancien.
Fort de ces constats partagés avec l’Ademe, et de précédentes analyses, le laboratoire Céric a projeté à 2035, l’évolution du parc d’appareils de chauffage domestique au bois et analysé ses conséquences sur la consommation de bois-énergie et la qualité de l’air.
Les constats à l’horizon 2035
Constat 1 : la modernisation et l’augmentation du parc d’appareils de chauffage domestique au bois permettent une baisse d’environ 15 % de la consommation de bois.
En 2035, le parc du chauffage domestique au bois/granulés pourrait atteindre plus de 10 millions d’appareils, soit une augmentation de 32 % par rapport à 2023. Cette augmentation, si elle devient effective, pourrait permettre de remplacer d’autres types de production de chaleur fossile (fioul, gaz…) et venir en appui d’appareils de chauffage électrique (PAC, radiateurs…) pour soulager le réseau électrique et conforter l’indépendance énergétique du pays.
Dans le même temps, compte tenu de l’amélioration des performances des nouveaux appareils, de la qualité des combustibles et de l’isolation des logements, une baisse de la consommation énergétique significative est envisagée (-15%). Cette perspective de réduction de consommation globale est en phase avec la baisse de consommation unitaire des équipements déjà mesurée depuis presque 40 ans en France (divisée par deux entre 1984 et 2022).
Quant à la production d’énergie finale issue de la combustion de bois domestique, elle restera relativement constante : environ 49 TWh. Ainsi, la contribution du bois-énergie restera toujours importante dans le futur et continuera à participer au verdissement du mix énergétique.Constat 2 : Les émissions de particules se réduisent de plus de 60 % dans un contexte d’augmentation et de remplacement du parc
31 % du parc est encore actuellement composé de foyers ouverts et d’appareils anciens qui sont les moins performants et les plus émetteurs de particules. À eux seuls, ils représentent 73 % des émissions de particules.
Par le remplacement de ces appareils et malgré l’augmentation envisagée du parc de plus de deux millions d’appareils, les émissions de particules fines devraient mécaniquement continuer leur baisse significative. Le remplacement des appareils anciens par des appareils performants joue un rôle prépondérant dans cette baisse. Plus ce renouvellement sera important, plus la baisse des émissions sera rapide. Ce remplacement et la primo-installation induisent également une montée en qualité des combustibles. Les appareils Flamme Verte 7* et poêles à granulés nécessitent, pour leur bon fonctionnement, d’être alimentés par du bois sec et calibré pour être performants. La mise en application du décret et de l’arrêté du 31 mars 2022 devrait favoriser le recours à des combustibles bois de qualité.
Ainsi, le Céric estime que les émissions de particules entre 2023 et 2035 pourront être divisées par trois, après une première diminution d’environ 40 % des émissions entre 2012 et 2023.
Conclusions et recommandations
Les simulations ont montré que l’accroissement du parc se conjugue avec une baisse de la consommation de bois-énergie, car les nouveaux appareils performants, l’amélioration des combustibles et l’isolation des maisons induisent une diminution de la consommation par appareil pour la délivrance d’une même quantité de chaleur.
Ces simulations ont également démontré que le renouvellement du parc d’appareils de chauffage domestique au bois et la montée en qualité des combustibles produisent des effets significatifs sur la qualité de l’air. Entre 2012 et 2023, les émissions de particules liées au chauffage au bois domestique ont été réduites d’environ 40 %.
À horizon 2035, les émissions pourraient encore être divisées par trois en poursuivant le remplacement des foyers ouverts et non performants et le développement du marché du bois de qualité, tout en augmentant la taille du parc d’appareils installés à plus de 10 millions d’unités.
La bonne hygiène de combustion dans les systèmes bois-énergie domestique dépend de plusieurs conditions : qualité des appareils et des conduits d’évacuation des fumées, qualité des combustibles, dimensionnement réalisé dans les règles de l’art et utilisation optimisée. La présente étude montre que lorsque ces principaux leviers sont actionnés, le développement du parc d’appareils de chauffage domestique au bois s’accompagne d’une baisse des émissions de particules et de la consommation globale de biomasse. Ces effets s’accompagnent, parallèlement, d’une diminution des consommations d’énergies fossiles et d’électricité en période hivernale.
Aussi, le Céric recommande de poursuivre les actions déjà engagées :
- Maintien des aides ciblées à l’acquisition d’appareils performants (MaPrimeRénov’) avec un bonus octroyé lors du remplacement d’un appareil ancien (Fonds air bois) notamment en zones PPA ;
- Mise en œuvre d’une politique publique visant à la massification de l’offre de biocombustibles de qualité. Un soutien à l’offre et à l’industrialisation de la production pourrait venir compléter le dispositif pour accélérer la production et la commercialisation de ces produits aux meilleurs standards ;
- Poursuite et renforcement des démarches de qualité en matière d’installation et de maintenance visant à déployer les équipements performants dans les meilleures conditions de mise en œuvre et de dimensionnement ;
- Montée en puissance d’actions de communication « grand public » sur les bons usages et les bonnes pratiques.
En savoir plus sur le Céric : www.laboratoire-ceric.com
Frédéric Douard