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Le bois, une énergie renouvelable qui mérite un meilleur coefficient dans les diagnostics de performances énergétiques

La neutralité carbone du bois-énergie doit être considérée dans les diagnostics énergétiques, photo propellets Autriche

Actuellement, lorsqu’on réalise un diagnostic de performances énergétiques d’un logement et d’un bâtiment tertiaire, on calcule la somme des consommations d’énergie finale et qu’on convertit ensuite en consommation d’énergie primaire pour être juste en termes d’énergie réellement consommée. Et pour faire cette conversion de manière simple et universellement reconnue, on utilise des coefficients d’énergie primaire qui sont établis de manière conventionnelle par les pouvoirs publics.

Ainsi au niveau international, l’ensemble des combustibles, fossiles ou renouvelables, bénéficient d’un coefficient de 1, ce qui signifie que conventionnellement 1 kWh d’énergie primaire permet de fournir 1 kWh d’énergie finale. Or, ceci n’est pas exact, car cela néglige les dépenses d’énergie réalisées pour la mise à disposition des combustibles, et qu’on appelle énergie grise, et qui varient énormément d’une filière ou d’un pays à l’autre. Pour le fioul domestique par exemple, cela ne prend pas en compte les dépenses énergétiques réalisées pour l’exploration, le forage, le transport, le raffinage et la distribution, des dépenses dont les valeurs peuvent atteindre des dizaines de pour cents de l’énergie finale. Pour le gaz naturel, ce chiffre ne tient pas compte des fuites à l’extraction et depuis les gazoducs, ni de l’énergie de transport ou de liquéfaction.

Pour les consommations électriques, c’est encore plus compliqué, car l’électricité n’est pas une énergie primaire, et est produite par différentes filières technologiques. Et au-delà même des questions de l’usage ou pas de combustibles pour sa production, il faut déterminer un coefficient de conversion qui sera la moyenne des coefficients des différentes filières du mix de production électrique. Ce mix contiendra ainsi des coefficients proches de 1 pour la plupart des filières renouvelables (hydraulique, éolien, géothermique ou photovoltaïque) et des coefficients plus proches de 3 pour les filières thermiques du fait du rendement de conversion électrique des centrales qui est de l’ordre de 0,3 (entre 0,1 et 0,42). Et pour l’électricité, la complexité ne s’arrête pas là puisque la distribution de ce vecteur énergétique est aussi facteur de déperdition qui va lui aussi influer sur le coefficient réel et technique de conversion entre primaire et final. Donc comme pour les combustibles, des coefficients de conversion sont conventionnellement retenus, et pour la France, il était de 2,58, puis a été abaissé à 2,3 en 2021. Aujourd’hui, tel qu’annoncé le 9 juillet 2025, le gouvernement français a souhaité le ramener à 1,9 qui est une valeur par défaut autorisée au niveau européen. Le but annoncé est de moins pénaliser les logements chauffés à l’électricité et qui se retrouvent aujourd’hui classés en passoires énergétiques. La réalité est peut-être aussi que le futur programme nucléaire français a besoin de plus de consommateurs.

Mais profitant de ce débat sur le facteur de conversion de l’électricité, les acteurs des filières à combustibles renouvelables, donc à très bas carbone, s’interrogent sur le bien-fondé du coefficient de 1 assigné au bois-énergie alors même que son CO₂ et grandement renouvelable. Ainsi, Thomas Perrissin, codirecteur d’ÖkoFEN France, pose la question d’utiliser des coefficients non plus sur l’énergie primaire simplement, mais sur l’impact CO₂ de chaque filière, sur leur énergie grise, ce qui ne pénalisera pas les énergies décarbonées comme c’est le cas aujourd’hui. Par exemple, pour le granulé de bois, un combustible dont l’énergie grise est comprise entre 10 et 15 % selon que sa production est locale ou pas, le facteur de conversion qui est aujourd’hui de 1, passerait à 0,1 ou 0,15 en tenant compte de l’impact CO₂. Cela montrerait logiquement que l’usage de 1 kWh de granulés a coûté de 0,1 à 0,15 kWh d’énergie fossile, le reste étant de l’énergie solaire renouvelable stockée dans le bois par la photosynthèse. Une telle prise en compte rebattrait sérieusement les cartes du positionnement des énergies renouvelables dans la rénovation énergétique !

Frédéric Douard




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