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Les pouvoirs publics doivent rapidement aider les producteurs de bois de chauffage à sécher plus

Installation de séchage de bois de chauffage par ventilation forcée, photo Frédéric Douard

En cette saison de chauffe 2021-22, le contexte de montée fulgurante des prix des énergies fossiles a mis le doigt une fois encore sur la difficulté de la filière bois-énergie à pouvoir anticiper ces pics de demande, et en particulier dans la filière bûches. Cela concerne principalement le taux d’humidité des bûches qui doit être inférieur à 20 % pour assurer les performances de combustion des appareils de chauffage, afin notamment de ne pas polluer.

La consommation de bois de chauffage en France est estimée à 40 millions de stères par an, un volume qui est amené à encore progresser puisque dans les objectifs de la France, le chauffage au bois devra représenter 38 % de la production de chaleur en 2030. Alors dans la cohérence de ces objectifs, les pouvoirs publics français doivent intervenir massivement et rapidement pour permettre à la profession de passer cette étape indispensable vers une industrie fiable, et garante des besoins et de la santé de la population. La poursuite du développement de la filière bois de chauffage, fortement décriée pour sa contribution actuelle massive à la pollution atmosphérique, doit impérativement passer par une évolution rapide. Ce qui manque précisément, ce sont des capacités de séchage et de stockage à la hauteur de ces pics, des capacités qui demandent des moyens financiers et des trésoreries dont très peu de professionnels sont aujourd’hui pourvus.

Séchage artificiel de bûches en cellules chez les Ets Piskorski, photo Frédéric Douard

En 2020, l’ADEME a publié les résultats d’une enquête auprès des producteurs de bois de chauffage pour caractériser la filière professionnelle bois bûche. L’enquête Solusec visait ainsi à mieux connaître les niveaux d’investissement des structures de production, en particulier pour parvenir à la production de bois parfaitement sec.

L’enquête, menée par l’ONF, Fibois France et le FCBA, a fait apparaître une filière à deux vitesses avec une écrasante majorité de micro-entreprises ayant des difficultés pour se démarquer du marché parallèle, et quelques très rares entreprises de taille industrielle fortement mécanisées et produisant des bûches très haut de gamme.

Entreposage de différentes dimensions de bûches séchées artificiellement chez les Ets Piskorsi, photo Frédéric Douard

La presque totalité de la filière de production de bois de chauffage doit donc être soutenue afin qu’elle puisse réaliser les investissements nécessaires à la production de bois sec. L’étude montre également que ces petites entreprises ont besoin d’un accompagnement stratégique et commercial. En effet, les investissements de séchage artificiel peuvent être combinés à des structures couvertes de séchage naturel, le tout associé à une production plus mécanisée et à des capacités commerciales.

Bûches séchées artificiellement, photo Piskorski

Sur la question stratégique, il apparaît par exemple qu’une différenciation tarifaire plus claire entre le combustible sec et humide, doit être opérée pour permettre aux petites entreprises d’exercer une activité plus rentable, permettant d’amortir des investissements. Cette différenciation doit afficher plus clairement les avantages non discutables du bois sec en termes de réduction des consommations et des émissions atmosphériques. En cela, le message des autorités doit être plus audible.

Pour se procurer les résultats de l’étude Solusec : librairie.ademe.fr

Frédéric Douard




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2 réponses

  1. Le chauffage aux bûches ne peut que décliner au bénéfice des plaquettes – pour ceux qui disposent d’une ressource forestière personnelle – et du granulé pour le particulier.

  2. Il décline logiquement en volume avec l’amélioration de l’efficacité des appareils de chauffage et de l’isolation des habitations, mais il reste un mode de chauffage très bon marché, qui fonctionne sans électricité, et conserve tout son intérêt d’un point de vu social.