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Se fournir en bois de chauffage certifié, c’est créer des emplois

Article paru dans le Chauffage Bois Aujourd’hui n°1 de février 2019

Stock de bûches en vrac, trié par longueurs, chez Piskorski, photo Frédéric Douard

Première source d’énergie renouvelable de France, le chauffage au bois est utilisé par plus de sept millions de ménages. L’objectif du pays est de parvenir à 9,3 millions de foyers équipés en 2023, sans augmenter la quantité de bois consommée et en continuant à réduire drastiquement les émissions de particules fines. Cela se fera en incitant les particuliers à remplacer leurs vieux appareils par des équipements de chauffage au bois performants et en offrant sur le marché un combustible de qualité.

Entreposage des casiers de bois sec avant écorçage chez BF 42, photo Frédéric Douard

C’est dans ce contexte que le Syndicat des Énergies Renouvelables a publié une analyse montrant que 27,2 millions de m³ de bois en bûches sont consommés chaque année en France pour produire de l’énergie, mais que seulement 18 % sont issus du marché officiel, les 82 % restant se situant dans l’économie informelle.

Des dizaines de milliers d’emplois à créer

L’analyse montre également que la seule part des 18 % du marché officiel représente environ 2900 entreprises de toutes tailles et qui génèrent plus de 14 000 emplois directs et indirects. Elle montre aussi que ramener des volumes de bois des circuits non officiels vers le circuit du bois bûche professionnel permettrait de créer plusieurs dizaines de milliers d’emplois supplémentaires. Ainsi, quand le marché officiel atteindra 50 % des ventes, 27 000 emplois directs et indirects supplémentaires pourront être créés.

Perspectives de développement de l’emploi de la filière bûches en France

Afin de poursuivre sa professionnalisation, la filière a développé des initiatives pour proposer un bois bûche de qualité, qui regroupe l’ensemble des démarches reposant sur un processus de production contrôlé qui permet au consommateur final de disposer d’un combustible propre et dont le taux d’humidité est inférieur à 23 %.

Répartition de l’emploi par maillon de la chaine de valeur du bois bûche.

De telles démarches génèrent de nouveaux investissements en lien avec l’industrialisation du processus de production ou la création d’usines productrices de bois propre dont le taux d’humidité est contrôlé et garanti. Ces unités sont équipées de combinés de découpe et fendage, de systèmes de séchage industriel (chaudière alimentée par des résidus, séchoir solaire, récupération de la chaleur fatale, etc.), et de machines de conditionnement automatique.

Site de production de bois de chauffage séché, photo Euro Energie

Près de 40 millions d’euros ont ainsi été investis depuis six ans dans une dizaine de sites. À titre d’exemple, un investissement de 16 millions d’euros a permis de créer dans le département de l’Indre, Bois Factory 36, la plus importante usine d’Europe. Elle produit, chaque année, 110 000 stères de bois bûche certifié NF et 6 000 tonnes de bûches densifiées. Elle a créé 50 emplois directs et 100 emplois indirects en milieu rural.

L’une des deux lignes de fendage chez BF42, photo Frédéric Douard

Bois bûche de qualité, qualité de l’air et économie pour le consommateur

Au-delà de l’effet positif sur l’économie, cette démarche de professionnalisation produit des effets majeurs et immédiats sur la qualité de l’air. À la suite du projet QUALICOMB, l’étude réalisée par le laboratoire CERIC a démontré que l’utilisation d’un bois sec et de qualité permettait de diviser par 10 les émissions de particules fines des appareils de chauffage. L’utilisation d’un combustible de qualité dans un appareil récent (de type Flamme Verte 6 Étoiles et plus) répond aux normes environnementales les plus strictes sans dispositif de filtration supplémentaire.

Conditionnement en sacs de bûches séchées Crépito, photo Frédéric Douard

Les progrès techniques ont permis l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments. Un combustible de qualité jouera aussi, dans ces nouveaux logements, un rôle central. Ainsi, il sera possible, avec une moindre consommation de bois, de produire plus de chaleur dans plus de logements tout en émettant beaucoup moins de particules fines.

Le crible écorceur chez BF42, photo Frédéric Douard

Parallèlement, utiliser un bois de qualité certifié ne revient pas plus cher pour le consommateur final. Le prix d’achat est certes plus élevé, mais un bois de qualité produit plus de chaleur et permet de consommer moins pour un même niveau de confort, tout en diminuant ses émissions de particules. Il concourt également à la pérennité des appareils de chauffage.

Cellules de séchage de bûches chez Piskorski, photo Frédéric Douard

Bois Bûche et respect de la forêt

En France, seulement 50 % de l’accroissement biologique annuel de la forêt est exploité, que ce soit pour le bois d’œuvre, le bois d’industrie ou le bois-énergie. Le volume de bois disponible augmente donc tous les ans et la gestion durable des forêts, telle qu’elle est pratiquée en France, permet d’assurer la pérennité de la ressource et la bonne santé des forêts.

Usine de bois bûches dans la Loire, photo Sylveo

Cellule de séchage sur caillebotis, photo Sylvéo

En effet, la gestion des forêts implique différentes interventions nécessaires à la bonne croissance de la forêt, qui conduisent notamment à réaliser des coupes de bois :

  • des éclaircies qui permettent de desserrer les jeunes peuplements en faveur des arbres d’avenir ;
  • des ouvertures de cloisonnements, nécessaires pour le passage des engins d’exploitation et le débardage des bois ;
  • des coupes sanitaires.

Les produits de ces coupes, du fait de leur taille et de la qualité du bois, seront utilisés pour le chauffage. Le bois-énergie finance donc en France activement l’entretien des forêts.

Frédéric Douard




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