Eh non, le chauffage au bois ne sera pas interdit en Europe en 2027, ni même plus tard !!

Les performances des appareils de chauffage à bois n’ont cessé de progresser depuis un demi-siècle, photo ProPellets Autriche
Ces derniers jours, en France, de nombreux articles de presse, qui omettent involontairement ou pas de vérifier leurs sources, annoncent de manière totalement infondée une possible interdiction prochaine du chauffage au bois en Europe. Faisons le point sur ces rumeurs qui émanent de la révision en cours de la directive européenne Ecodesign, directive 2009/125/CE qui concerne les exigences d’écoconception applicables en outre aux dispositifs de chauffage décentralisés, une directive qui est entrée en application en 2015. Cette réglementation a pour objectif de diminuer l’impact environnemental des produits commercialisés en Europe, et en l’occurrence ici, elle règlemente les caractéristiques imposées aux fabricants d’appareils de chauffage. Et comme tous les textes, elle connaît des évolutions, dont la prochaine est programmée en 2027.
Tout d’abord, en matière de calendrier, il faut préciser qu’un premier projet de modification de ces textes, présenté par la Commission européenne, prévoyait une évolution difficile à tenir pour les fabricants en un si court délai. Les États-membres de l’Union européenne ont donc interpellé la Commission européenne, qui a pour le moment suspendu le projet afin de mener une étude plus approfondie.
Sur le fond, comme toutes les énergies, le chauffage au bois doit répondre à des critères environnementaux et d’efficacité, qui permettent d’en faire une solution toujours plus économique et moins impactante sur la qualité de l’air. Quoiqu’il en soit, il n’est pas question, et il ne l’a jamais été, dans cette directive ou ailleurs, d’interdire l’utilisation des appareils de chauffage au bois, en tout cas, pas ceux qui répondent aux normes en vigueur. La FIPC, la Fédération française des Installateurs de Poêles et Cheminées rappelle que le plan d’action rédigé par le Gouvernement français avec les acteurs du secteur du chauffage domestique au bois, présenté en 2021, doit se poursuivre. Celui-ci prévoit notamment de soutenir le renouvellement des appareils anciens par des systèmes performants de nouvelle génération, de promouvoir l’utilisation de combustible de qualité et de communiquer sur les bonnes pratiques auprès des consommateurs, ce qui sont de très bonnes dispositions !
Le chauffage au bois est-il mauvais pour la qualité de l’air ?
Il est tout à fait vrai que le bois, quand il brûle, peut libérer plus ou moins de particules dans l’air. Mais les progrès réalisés par les fabricants d’appareils et l’amélioration de la qualité des combustibles, dans le respect des normes imposées au niveau français et au niveau européen, ont permis d’améliorer de façon considérable cet impact, permettant par là-même une amélioration très significative de la qualité de l’air.
Malgré cela, le chauffage au bois est régulièrement la cible de détracteurs, qui parfois même font passer les énergies fossiles, y compris le charbon, pour des solutions préférables pour l’environnement. Mais il est important de regarder les études et les chiffres : entre 2012 et 2023, les émissions liées au chauffage domestique au bois ont baissé d’environ 40%, en grande partie grâce aux évolutions techniques réalisées sur les appareils de chauffage au bois et au renouvellement des appareils anciens. Et les projections montrent que la poursuite du renouvellement du parc d’appareils anciens de chauffage domestique au bois et la montée en qualité des combustibles pourraient permettre de réduire encore ces émissions par trois.
Par ailleurs, concernant les chiffres d’émissions divulgués par tels ou tels organismes, il faut différencier deux données qui, sans être contradictoires, ne représentent pas la même chose. En effet, la qualité de l’air respiré est mesurée par les concentrations de particules, captées en temps réel par les stations dédiées. Ces données sont disponibles sur le site Géod’air. Elles se distinguent des émissions qui représentent les quantités de polluants directs et qui font, en partie l’objet d’un rapport annuel national, excluant notamment les sources naturelles, de transport aérien et maritime. Ces émissions, sur la base de données donc estimées et qui ne tiennent pas compte des réactions chimiques dans l’air et qui sont pour certaines génératrices de particules, sont celles qui sont régulièrement communiquées au grand public, alors même qu’elles ne reflètent pas la qualité de l’air réellement respiré par les Français.
Ainsi, le Laboratoire Central de Surveillance de la Qualité de l’Air (LCSQA) a présenté fin 2024 une analyse nationale des concentrations de particules fines (PM2.5) sur 2021. Il en ressort que le secteur résidentiel, incluant le chauffage domestique au bois, représentait en moyenne en France en 2021, 22% des concentrations annuelles de PM2.5. Ces résultats relativisent le chiffre de 60% des émissions souvent présenté de manière caricaturale et simpliste, pour stigmatiser une énergie renouvelable qui n’a cessé de démontrer son utilité dans la transition énergétique et les efforts qu’elle fait pour s’améliorer.
Le chauffage domestique au bois fait peser une tension trop importante sur la ressource forestière
Là encore, il est important de regarder les chiffres de près. L’amélioration des performances des nouveaux appareils, de la qualité des combustibles et de l’isolation des logements permettent chaque année une baisse de la consommation de la ressource. D’ici à 2035, même avec une augmentation du parc d’appareils, passant de 8 millions à 10 millions, la consommation devrait baisser de 15%.

La consommation de bois-énergie en France est stable depuis 35 ans, grâce à la forte amélioration de l’efficacité énergétique des appareils de chauffage domestique au bois, qui a globalement doublé sur la même période, et malgré la forte augmentation du nombre de foyers se chauffant au bois, et malgré aussi la mise en place de dizaines de milliers de chaufferies collectives et industrielles à bois. Comme quoi on peut faire bien mieux et beaucoup plus avec autant de bois !
En outre, Le Programme National de la Forêt et du Bois (PNFB) fixe des objectifs de développement de la filière bois en s’assurant que le taux de prélèvement pour l’ensemble des usages reste en deçà de l’accroissement des forêts.

La forêt française occupe 31 % du territoire métropolitain et progresse de manière continue en surface et en volume depuis plus de deux siècles
En conclusion, aujourd’hui, le chauffage au bois est présent dans 8 millions de foyers français. Il est et restera encore très longtemps la solution de chauffage la moins chère du pays, avec une stabilité tarifaire rassurante, face à la volatilité et l’augmentation annoncée des tarifs des énergies fossiles et de l’électricité. Les efforts et progrès constamment réalisés par l’ensemble de la filière, du producteur à l’installateur, en passant par les fabricants d’appareil, permettent de faire du chauffage au bois une énergie d’avenir, propre, écologique et un facteur clé pour l’indépendance et la satisfaction des besoins énergétiques des Français.
Frédéric Douard