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TIBA veut mettre fin aux émissions de particules des chauffages à bûches

La quantité d’émissions d’un appareil de chauffage à bois à alimentation manuelle dépend encore beaucoup de l’opérateur, photo TIBA

« Nous allons créer un poêle à bois à émissions ultra-minimisées pour le chauffage des pièces à vivre », vient d’annoncer le directeur du constructeur suisse TIBA SA, Lukas Bühler. Il veut ainsi balayer le dernier argument restant en défaveur des petits chauffages à bûches. D’ici 2023, un projet de recherche appelé «Ange Bleu pour poêles d’habitat» va permettre de transformer les idées et concepts existants en un produit commercialisable. Fondée en 1902, la société TIBA SA produit des cuisinières et poêles à bois innovants depuis des générations, et distribue plusieurs marques européennes de poêles à bois en Suisse.

« Les petits chauffages au bois à alimentation manuelle, pourtant utilisant une ressource renouvelable et au bilan carbone neutre, conservent souvent une réputation tout à fait discutable d’émetteur de poussières fines. Des poêles anciens et certaines cheminées peuvent effectivement être de gros pollueurs. Par ailleurs, tous ceux qui brûlent du bois humide ou contaminé, et surtout ceux qui règlent mal l’apport d’air de leur appareil, sont en effet de gros producteurs de particules fines, même avec un appareil de chauffage moderne. La pollution disproportionnée de l’air  résulte de la combinaison d’une technique vieillie et d’une conduite inadéquate des petits chauffages au bois », a déclaré Lukas Bühler.

Les émissions des petits chauffages reflètent l’état de la technique et le comportement de leurs usagers

Cuisinière à bois TIBA

Lukas Bühler illustre son constat par une comparaison : « C’est exactement ce qui se passe pour les voitures. Lorsque vous vous promenez dans la rue et voyez passer une voiture ancienne, vous constatez certes qu’elle est bien belle, mais qu’elle sent fort mauvais. Heureusement que les modèles présentant une si mauvaise combustion et une telle quantité d’émissions sont devenus rares ! »

Comme les voitures, les petits chauffages à bois ont eux aussi progressé : beaucoup de produits garantissent dès aujourd’hui une exploitation peu polluante et, lorsqu’ils sont exploités correctement, émettent très peu de poussières fines, qui en plus sont nettement moins toxiques (poussières brûlées). En Suisse, tous les modèles proposés par les fournisseurs sérieux répondent par ailleurs aux exigences prescrites par l’ordonnance sur la protection de l’air OPair, l’une des plus sévères au Monde ! Pourtant, Lukas Bühler veut aller plus loin : « Nous visons à réduire l’influence des personnes qui manipulent le poêle. Comme pour les appareils à chargement automatique, il faut standardiser et automatiser les processus de combustion et le traitement des gaz d’échappement par des mesures technologiques, tout en assurant que le produit reste abordable », souligne-t-il.

A en croire les experts, résoudre ce problème qui ressemble à la quadrature du cercle est tout à fait possible grâce à une initiative commune. La société TIBA SA a uni ses forces avec celles de la Haute École spécialisée du Nord-Ouest de la Suisse et celles de l’entreprise Oekosolve AG, spécialiste de la purification des émissions gazeuses des chauffages au bois. Dans le cadre d’un projet de recherche cofinancé par Innosuisse (l’Agence suisse pour l’encouragement de l’innovation), les connaissances mutualisées vont permettre de concevoir un produit novateur de pointe. Lukas Bühler explique : « Nous voulons tout simplement mettre fin à la dévalorisation des nombreux avantages de l’énergie du bois, causée par l’émission de poussières fines. » Le nouveau produit ne verra pas le jour avant de répondre aux exigences quant à la mise en circulation, à la mise en service et à l’exploitation des chauffages.

Bois de chauffage sec, photo Christof Rutschmann

Comme distinction convaincante supplémentaire, les concepteurs veulent utiliser en Suisse le label écologique de l’Ange Bleu que l’on connaît surtout en Allemagne et en Autriche, mais aussi dans beaucoup d’autres pays (www.blauer-engel.de), un dispositif comparable au label Flamme Verte en France. L’étiquette signale les poêles à faible émission comme produit leader de sa catégorie en termes de protection de l’environnement et de la santé. Introduit en 2019, l’Ange Bleu pour poêles-cheminées pose des exigences extrêmement strictes aux émissions de polluants et aide les consommatrices et consommateurs à mieux évaluer leur achat. La valeur limite pour les poussières fines s’élève à 15 milligrammes par mètre cube. Jusqu’ici, un seul modèle répond à cette norme en Suisse. Or, le filtre à particules électrostatique de ce poêle est installé à l’extrémité de la cheminée, ce qui rend le montage nettement plus difficile et plus onéreux. Le projet de recherche de la société TIBA vise donc à concevoir le premier poêle à bois d’Europe équipé de composants destinés à réduire presque totalement les émissions et qui soient complètement intégrés à l’appareil. Cette conception évitera les démarches compliquées et chères pour installer et entretenir les poêles en place.

Construit sur la base d’un modèle moderne bien conçu, le poêle au bois à faible émission sera complété par des composants additionnels, notamment un catalyseur, un filtre à particules électrostatique, un réglage de l’apport d’air par des clapets d’aération motorisés, ainsi qu’une surveillance permanente du processus de combustion. Le moniteur de la combustion surveillera tous les processus pertinents et signalera à l’opérateur toute erreur éventuelle, de même que le moment propice pour rajouter du bois. L’équipement supplémentaire devra assurer le déroulement optimal, d’un bout à l’autre, de ce processus complexe qu’est la combustion du bois, tout en minimisant l’intervention de l’usager. Le réglage manuel des clapets d’aération, par exemple, sera superflu, et le moment idéal de recharge sera affiché. L’interaction et l’agencement des composants vont d’abord être analysés et optimisés à l’aide d’un prototype. Les critères particulièrement exigeants comme le style et la bonne visibilité des flammes devront être mis en œuvre et validés dans un second prototype proche de la production en série. Enfin, les résultats obtenus seront pris en compte pour la production d’appareils prêts à être fabriqués en série dont le lancement sur le marché est prévu pour 2023.

En vue des prescriptions et des valeurs seuil qui vont sans doute se resserrer pour les petits chauffages au bois, ainsi que des restrictions d’exploitation qui risquent d’être fixées pour les poêles d’habitat dans les zones densément peuplées, le développement d’appareils labellisés est une mesure prévoyante qui permettra aussi à l’avenir aux usagers de continuer à profiter d’un bon feu de bois dans leur salon partout et à souhait.

Quatre questions posées à Lukas Bühler par Energie Bois Suisse

Lukas Buehler, photo TIBA

A votre avis, les maîtres d’ouvrage feraient-ils bien d’attendre le lancement du nouveau poêle sur le marché avant d’acheter un nouveau modèle ?

Je ne pense pas. Premièrement, tous les poêles en vente aujourd’hui remplissent déjà les prescriptions actuelles en matière de protection de l’air. Deuxièmement, la nouvelle technologie prendra encore plusieurs années avant de s’imposer à une plus grande échelle. Pour l’instant, il est beaucoup plus important de manipuler correctement les modèles actuels (qualité et quantité du bois, allumage correct, etc.).

Le prix élevé des bons chauffages d’habitat fait souvent l’objet de remarques critiques. Quelle est la limite absolue, selon vous ?

Nos modèles les moins chers coûtent près de CHF 3000 (2 760 €), tandis que les plus onéreux sont vendus à un peu plus de CHF 14 000 (12 880 €) en Suisse. La moyenne se situe à environ CHF 5300 (4 875 €), selon nos statistiques. Nous sommes d’avis qu’il est possible d’acheter un poêle doté de la technologie de filtration la plus moderne pour moins de CHF 8000 (7 360 €) en Suisse.

Avez-vous l’intention de mettre vos connaissances acquises à la disposition d’autres entreprises ?

Oui, à nos partenaires. On pourrait aussi envisager d’accorder une licence aux autres sociétés, ce qui pourrait encourager la pénétration du marché, au profit tant de l’environnement que des fournisseurs.

Selon vous, où en seront les chauffages d’habitat en l’an 2030 ?

Si l’opération et la conception demeurent largement inchangées, les modèles d’avenir vont certainement élargir nettement la marge de manœuvre en termes d’émissions. Comparez une voiture de 1990 avec un modèle de 2020 : tous deux possèdent un volant, un frein et un accélérateur, mais ils se distinguent significativement en termes de consommation de carburant et d’émission de polluants. Il nous faut nous développer en ce sens pour pouvoir apporter une plus grande contribution à la stratégie carbone neutre.

Un article de l’association Energie-bois Suisse – www.energie-bois.ch


Oekosolve pour figurer ici avec votre logo et vos coordonnées, c'est tout simple, contactez fbornschein+annuaire@bioenergie-promotion.fr


Tiba pour figurer ici avec votre logo et vos coordonnées, c'est tout simple, contactez fbornschein+annuaire@bioenergie-promotion.fr

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