Lien de bannissement

Servary, pionnier du granulé de bois dans les Landes de Gascogne

Article paru dans le Bioénergie International n°44 de juin-juillet 2016

La chaufferie Servary pour le séchage des sciages et de la sciure à granuler, photo Frédéric Douard

La chaufferie Servary pour le séchage des sciages et de la sciure à granuler, photo Frédéric Douard

En 2008, l’entreprise Servary, producteur de parquet et lambris en pin des Landes, a investi dans une unité de production de granulés de bois et a créé sa propre marque, Bioforest®. À cette époque, l’entreprise fut la première dans la zone landaise, pourtant l’une des régions d’Europe les plus concentrées en entreprises du bois, à produire du granulé. Á l’époque, la culture industrielle régionale n’était pas encore au bois-énergie et à la nouvelle de ce projet, des confrères industriels locaux ont même fait savoir leur désapprobation. Mais tout cela n’a pas découragé la famille Servary car le marché aquitain du chauffage à granulés était jusque-là étonnamment approvisionné en granulés de bois venus d’Espagne, de Vendée, de Lozère ou d’Auvergne, alors que l’industrie locale avait toutes les clés en mains pour les produire elle-même !

La chaudière Compte R. de 3,2 MW alimente le sechoir a sciure, photo Frédéric Douard

La chaudière Compte R. de 3,2 MW alimente le séchoir à sciure, photo Frédéric Douard

Une longue histoire d’adaptation permanente au marché

La famille Servary a travaillé le bois dans les Landes de Gascogne depuis 1744, au départ comme scieur de long. Il faudra attendre 1932 pour que les établissements Servary tels qu’on les connaît aujourd’hui soient créés, à l’époque pour la production de poteaux de mines et de fonds de wagons. Dans les années 60, la société commence à produire des parquets. En 1981 elle compte 50 employés et produit 400 000 m² de parquet et lambris. Quelques années plus tard, elle deviendra un des principaux producteurs français de parquet et lambris avec 2,5 millions de m²/an. Dans le même temps, elle amorcera une première diversification vers le mobilier de rangement, notamment pour valoriser les petites sections de bois, le parquet étant produit en 2 mètres.

Usine Sevary à Angresse, photo Frédéric Douard

Usine Sevary à Angresse, photo Frédéric Douard

La saga internationale de l’entreprise démarra à la fin des années 80 avec la construction de deux unités de fabrication de rangements en pin massif au Portugal. En 1998, fort de cette réussite, c’est au Brésil qu’elle implantera une usine et créera la filiale Brazimovéis. Dernièrement, Servary a poursuivi son développement dans les produits de rangement mais aussi dans le granulé de bois.

Le sécheur à bande Kahl, photo Frédéric Douard

Le sécheur à bande Kahl, photo Frédéric Douard

Et c’est sur son site landais d’origine que l’entreprise s’est lancé dans la production de bois-énergie en 2008 pour valoriser ses produits connexes : granulés de bois, allume-feu et bois déchiqueté. Et puis, durant les années 2000, les difficultés rencontrées par toute la profession sur le marché du parquet ont incité l’entreprise à se diversifier. Et grand bien lui en a pris, car la nouvelle activité de granulation et la diversification vers le petit mobilier ont permis de compenser la baisse d’activité sur le parquet et ont permis de conserver les emplois. Ce sont aujourd’hui 60 personnes qui travaillent sur le site d’Angresse et le granulé contribue pour une part significative à l’activité de l’entreprise.

Puis fin 2011, l’entreprise a été reprise par le Groupe Biolandes, producteur d’essences aromatiques végétales et déjà présent dans ce domaine du bois par le biais de sa filiale Biolandes Pin décor, gros fournisseur d’écorces de pin et de terreau.

Pour Biolandes, cette acquisition allait dans le sens d’un développement externe fortement axé sur trois préoccupations permanentes dans la culture de l’entreprise : les valorisations du bois et du végétal, un développement axé sur les produits naturels et la localisation landaise de cœur.

Les installations de granulation de Servary

Elles sont constituées de deux lignes de productions et d’une unité de séchage.

Les deux lignes de granulation des Ets Servary, photo Frédéric Douard

Les deux lignes de granulation des Ets Servary, photo Frédéric Douard

La première ligne, mise en place en 2008, a été réalisée par la société suisse ZM Technique. Elle est basée sur une presse CPM de 4 tonnes par heure, alimentée par un broyeur-affineur Champion-CPM. En 2008, la production a été lancée sur la seule base des déchets secs de sciage et rabotage de l’entreprise.

Broyeur-affineur Champion-CPM de la ligne ESI-Agro, photo Frédéric Douard

Broyeur-affineur Champion-CPM de la ligne ESI-Agro, photo Frédéric Douard

Mais rapidement, l’engouement du marché pour ce combustible écologique a forcé l’entreprise à revoir sa copie en termes de capacité de production. En effet, dès la mise en service en 2008, la demande a de suite dépassé l’offre. D’ailleurs, la ligne avait été installée avec une presse de 2 tonnes par heure, ce qui devint nettement insuffisant au bout de quelques mois seulement et elle fut remplacée la même année par une presse de 4 tonnes par heure, ce qui porta la capacité de production à 20 000 tonnes par an.

Mais dès l’hiver 2013-2014, la société fut de nouveau en rupture de stock et elle dut envisager à nouveau d’augmenter ses capacités. Mais cette fois, la ressource en déchets secs ne suffirait plus et il fallait envisager d’utiliser des déchets humides et donc de sécher.

La seconde ligne fut mise en place en février 2014 par l’entreprise beauceronne ESI Agro. Il s’agissait du même type de ligne que la première avec le même broyeur et la même presse CPM.

Presse CPM de la ligne ESI-Agro, photo Frédéric Douard

Presse CPM de la ligne ESI-Agro, photo Frédéric Douard

Pour le séchage de la matière première humide, et afin de produire les granulés de la meilleure qualité possible, le choix se porta sur un séchoir à basse température à bande. La solution qui permet en effet de conserver au mieux les qualités initiales de la matière première. C’est la société Kahl qui fut retenue pour le fournir. Il est alimenté en chaleur par la chaudière de l’entreprise qui fournissait déjà les séchoirs de sciages, une chaudière Compte.R. de 3,2 MW installée en 2009 et alimentée quant à elle en écorces et sciures humides.

Les granulés sont conduits pneumatiquement dans le silo Privé par une conduite en inox, photo Frédéric Douard

Les granulés sont conduits pneumatiquement dans le silo Privé par une conduite en inox, photo Frédéric Douard

La majeure partie des granulés est mise en sacs papier avec une ensacheuse Cetec. Le vrac est quant à lui stocké dans un silo de 600 tonnes fourni par les Ets Privé et équipé d’un boisseau de chargement des camions souffleurs.

L’adaptation au marché encore et toujours

Sécurité incendie Firefly sur le séchoir à bande, photo Frédéric Douard

Sécurité incendie Firefly sur le séchoir à bande, photo Frédéric Douard

Dès 2014, la production put ainsi passer de 20 à 32 000 tonnes, avec une capacité désormais montée à 40 000 tonnes par an.

Côté stratégie de marché, l’entreprise s’est positionnée, dans l’esprit commun des anciens et des nouveaux propriétaires, sur le marché local, et avec la dimension fondamentale du produit naturel, géré en circuit court, avec l’empreinte carbone la plus faible possible.

Et pour enfoncer le clou dans ce principe, le choix de l’emballage s’est naturellement porté vers un sac écologique et renouvelable en bois, enfin en papier de bois, et de surcroît fabriqué dans les Landes, avec du pin des Landes, et dans une entreprise détenue par le groupe Gascogne Papier, ce qui est assez fort !

Ligne d'ensachage papier Cetec, photo Frédéric Douard

Ligne d’ensachage papier Cetec, photo Frédéric Douard

Et outre les convictions qui ont porté ces choix, ceux-ci se sont révélés forts judicieux, notamment depuis qu’un second producteur landais ait démarré une production de 120 000 tonnes en 2014.

Presse CPM du module ZM Technique, photo Frederic Douard

Presse CPM du module ZM Technique, photo Frederic Douard

Rappelons que les questions de positionnement sur le marché et de dimensionnement des capacités des usines de granulés sont primordiales pour la survie à court terme des entreprises. Dans le cas des Landes par exemple, la compétition locale se fait également et surtout avec les producteurs de la péninsule ibérique qui ont développé des capacités importantes de production basées sur des marchés à l’export, et il convenait d’en tenir compte. Les Ets Servary affichent d’ailleurs dans ce but deux certifications : une PEFC sur l’origine durable de 100% de son bois et une Din+ sur la qualité de ses granulés.

À l’avenir les producteurs des zones côtières auront aussi à surveiller les importations par mer et devront se positionner au prix de revient le plus juste et avec le service le plus original sur les marchés qu’ils escomptent. Ajoutons que sur cette question, le marché du vrac peut contribuer aussi à la réponse, celui-ci étant surtout un marché de service de livraison, un service qu’il n’est pas très rentable de gérer à plus de 50 km de ses stocks. Servary distribue ainsi aujourd’hui plus de 10% de sa production en vrac, via des distributeurs locaux, un chiffre qui devrait progresser.

Sortie des granulés de la ligne ZM, photo Frédéric Douard

Sortie des granulés de la ligne ZM, photo Frédéric Douard

Contacts

Frédéric Douard en reportage à Angresse

A propos du Groupe Gascogne lire également :




Vous aimerez aussi...