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Le bois, première énergie renouvelable de France, l’État semble enfin en avoir pris la mesure

Article paru dans le Chauffage Bois Aujourd’hui n°2 de novembre 2019

Bûches de chêne sciées et fendues, photo Abibois

Demandez à des passants dans la rue de vous citer des énergies renouvelables et ils répondront : le soleil, le vent, l’eau des barrages… mais très rarement le bois. Or le bois est la première énergie renouvelable de France et de loin avec plus de 40 % de toutes les énergies renouvelables et plus de 70 % de la chaleur renouvelable. À lui seul, le bois fournit plus d’énergie que le solaire, l’éolien, l’hydroélectrique et les déchets réunis.

De plus, le bois c’est une énergie disponible sans interruption et nous n’en manquons pas en France : l’ensemble des prélèvements représente à peine 50 % de l’accroissement naturel de nos belles forêts. Et au passage, si nos forêts sont belles, c’est qu’elles sont entretenues et exploitées, un travail qui fournit 440 000 emplois dans le pays. Et bien sûr, le bois est une énergie renouvelable qui émet 10 fois moins de gaz à effet de serre que le fioul, le gaz naturel ou l’électricité.

Une fois dit tout cela, on est alors étonné que le bois ne soit pas plus cité comme source d’énergie renouvelable. C’est justement ce que veut mettre en avant le Syndicat Français des Chaudiéristes Biomasse (SFCB) dans un contexte où la transition écologique va parfois chercher bien loin des solutions qu’elle a sous le nez.

Heureusement, il semble que l’État français ait enfin pris conscience de cette réalité.

L’annonce de la réforme du Crédit d’Impôt Transition Ecologique 2020 (CITE) qui accorde un meilleur soutien à la chaudière bois l’atteste et le SFCB s’en félicite. Ainsi, Thomas Perrissin, dirigeant d’Ökofen France et vice-président du syndicat réagit :

« Je me félicite de l’évolution des aides proposées par le gouvernement :

  • meilleure valorisation des énergies renouvelables telles que le bois et le solaire thermique par rapport au gaz fossile et à l’électricité conventionnelle.
  • simplification, avec une prime unique et forfaitaire, qui garantit un reste à charge juste pour toutes les solutions énergétiques proposées.

Ce soutien privilégié à la première énergie renouvelable de France est naturel et cohérent avec les objectifs fixés par la Planification Pluriannuelle de l’Énergie 2019 (PPE) et le gouvernement fin 2018 :

  • 3 à 4 millions d’utilisateurs du chauffage au bois domestique de plus d’ici 2028,
  • remplacement de 3 millions de chaudières fioul par des solutions renouvelables.

La réforme permettra également de garantir l’installation de chaudières à bois modernes, confortables et performantes, assurant une réduction massive des émissions de CO2 et une préservation de la qualité de l’air ! »

Sur ce dernier point, on entend souvent dire que le bois pollue, or ce n’est pas le bois qui pollue, mais sa mauvaise utilisation dans des appareils anciens et non performants. La bonne qualité de l’air est garantie par une combustion de qualité, c’est-à-dire avec un appareil Flamme Verte ou équivalent installé par un professionnel qualifié Reconnu Garant de l’Environnement (RGE), un combustible bois de qualité (sec et propre) et une installation entretenue annuellement.

Simulation de baisse des émissions de particules (indice 100 en 2012), Etude Céric. Cliquer sur le diagramme pour l’agrandir.

Grâce aux progrès technologiques et aux aides de l’État pour remplacer les vieux appareils, les émissions de particules fines tant décriées ont déjà été divisées par deux depuis 2002. Et il reste encore beaucoup d’appareils à remplacer. Alors, à quand le bois cité comme première énergie renouvelable de France lors d’un micro-trottoir ?

Eric Vial, délégué général du Syndicat Français des Chaudiéristes Biomasse – contact@sfcb.fr




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2 réponses

  1. ‘De plus, le bois c’est une énergie disponible sans interruption et nous n’en manquons pas en France : l’ensemble des prélèvements représente à peine 50 % de l’accroissement naturel de nos belles forêts. ‘
    Un cliché sinon une erreur de plus sur un combustible ancestral ? A l’aube de ses 80 ans Grindesel en est professionnellement convaincu
    L’accroissement naturel ‘de nos belles forêts ‘ concerne les belles comme les moins belles forêts celles ci étant , par nature, moins bien exploitées . Ne dégageant des revenus qu’à la limite de la rentabilité (morcellement important des parcelles – absence d’études spécifiques chiffrant l’impact d’une sylviculture spécifique en faveur des brins nobles et l’énorme impact d’un bon dosage de lumière / Les chablis chaque années redondants ne trouvant plus preneurs en petites quantités/ L’absence d’une nonne gestion des taillis / La sous exploitation des bois de bordures , bosquets, parcs etc généralement bon qu’en ‘bois de feu’ sans compter les bois dits de récupération incluant sciures, copeaux , écorces , démolition etc !
    Le RATIO BOIS NOBLE / BOIS ENERGIE est plus proche des 35/65 que 50/50 …
    Le plus étonnant est que les foyers et entreprises ‘ filière bois ‘ dont les 3,5 millions de propriétaires forestiers Français , sont encore loin de croire eux mêmes – et présentent l’exemple – d’une auto consommation volontaire et organisée !
    Et si vous faisiez un sondage sur le sujet ? Grindesel traite largement ce sujet et s’étonne qu’ils vendent leurs billons palettes (vendu au stère …) à un prix inférieur à celui du bois énergie (comparé au map …). Voir étude personnelle sur grindesel.forumactif.fr
    Bravo pour cette nouvelle édition !

  2. HUSSON Gerard dit :

    HUSSON Gerard – Vice-président GRAND EST BOIS BUCHE

    Le bois, première énergie renouvelable de France.
    C’est vrai, la forêt est un important gisement de matières premières concourant au développement durable et on peut regretter qu’elle n’ait pas le même impact médiatique et par là le même soutien que les autres sources d’énergies renouvelables .
    Le problème ne se situe pas au niveau des appareils de chauffage. Bois de feu et plaquettes forestières procèdent à la valorisation des menus produits dont la récolte est indispensable pour l’exploitation durable de nos forêts (houppiers, éclaircies, nettoyage). Les marchés existent et sont en augmentation, mais trop peu rémunérateurs, pour payer aux propriétaires le bois à sa juste valeur, et à l’exploitant forestier, son travail et les charges afférentes.
    Si le bois est la première source d’énergie du pays, on sait aussi que seulement 18% sont issus du marché officiel (1). Plutôt que de laisser le marché noir pallier à l’insuffisance des prix ou d’attendre qu’une tension sur les approvisionnements rééquilibre le marché, il serait plus judicieux de mettre en place des mécanismes de régulation. Car il est aberrant et scandaleux que de soi-disant spécialistes dans la filière puissent affirmer : « l’ensemble des prélèvements représentent à peine 50% de l’accroissement naturel de nos belles forêts ». Ils font un amalgame déplorable entre bois commercialisés et bois récoltés. Il semble communément admis que la production biologique de la forêt française avoisine les 80 millions de m3. 40 millions de m3 seulement seraient prélevés chaque année, ce qui correspond effectivement aux chiffres fournis par l’AGRESTE, mais il s’agit là du bois légalement commercialisé et non pas du bois récolté. Ces chiffres ne prennent pas en compte les volumes de bois bûches traités par le marché noir, environ 25 millions de m3, sans oublier les pertes d’exploitation et la mortalité, près de 15 millions de m3.
    Il y a sans doute du gaspillage mais pas de potentiel inexploité. D’ailleurs, où pourrait-on le trouver? Certainement pas dans la forêt soumise, dont la gestion durable ne permet pas une augmentation de la récolte, ni dans la forêt privée, qui moins bien fournie, sort à l’hectare au moins autant que la forêt publique (2).
    La solution viendra lorsque les responsables politiques auront compris que c’est à eux qu’il appartient de définir une véritable politique forestière, en évitant de s’en remettre aveuglement aux lobbies et aux organismes qui gravitent autour.

    1) – SER
    2) – Rapport PEYRON – Revue « la Forêt Privée »